Macron contre les Français de l'étranger ?

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La séance des questions au gouvernement d’aujourd’hui a permis de remettre les pendules à l’heure. En réponse à une question de Samantha Cazebonne, députée de la 5ème circonscription (Espagne, Portugal, Monaco, Andorre), le ministre de l’Europe et des affaires étrangères a apporté quelques réponses à différentes polémiques nées ces derniers jours.

 

La principale critique des oppositions est que nous faisons ce pourquoi nous avons été élus. A leur décharge, cela rompt nettement avec les pratiques passées, il est vrai.

La fin de la réserve parlementaire

Les centristes ont depuis longtemps été contre cette réserve. Ainsi, le Sénateur Union des Démocrates et Indépendants du Doubs, Jean-François Longeot, avait déposé en octobre 2015 une proposition de loi visant à la supprimer. Pourquoi ? Tout simplement car il n’appartient pas au pouvoir législatif de dépenser de l’argent, mais bien de faire la loi et d’en contrôler sa bonne mise en œuvre. Cette idée, centriste donc, a fait son chemin et l’incongruité française de cette réserve vient d’être supprimée, grâce à la majorité de La République en marche (LREM).

On comprend mieux dès lors que les élus socialistes et Les Républicains (LR), qui ont profité de ce système pendant des années, aient tout tenté pour la sauver. Il faudra créer une enveloppe budgétaire de remplacement pour que les Français établis hors de France n’y perdent pas. Je pense que les consulats pourraient être en charge de cette enveloppe et que les conseillers consulaires pourraient utilement contrôler que l’argent soit distribué en conformité avec les principes fixés par la loi. A ce sujet, d’ailleurs le député LREM, Roland Lescure, a fait une tribune très éclairante.

Le Secrétariat d’Etat aux Français de l’étranger

« Les mêmes qui fustigent, aujourd’hui, l’absence d’un tel Secrétariat d’Etat, sont ceux qui, hier, appelaient à avoir un gouvernement resserré. Chercher l’erreur ! »

Emmanuel Macron avait promis ce gouvernement resserré et il parvient en effet à constituer, avec Edouard Philippe, un gouvernement composé de dix ministres de moins que le gouvernement sortant. Le Président Sarkozy avait choisi d’avoir un secrétariat d’Etat aux Français de l’étranger, car il avait créé les onze députés de l’étranger.

Le Président Hollande en avait besoin pour créer le système de représentation consulaire que nous connaissons aujourd’hui. Emmanuel Macron ne prévoit pas de créer de nouvelles institutions, mais de rationaliser le fonctionnement de leur représentation pour plus d’efficacité. Par ailleurs, avec un secrétaire d’Etat qui changeait en moyenne tous les 9 mois sous les gouvernements précédents, j’ai des doutes sur la reconnaissance qu’il était supposé témoigner aux Français de l’étranger. Enfin, comme a eu l’occasion de le rappeler aujourd’hui M. Le Drian, il existe bel et bien un interlocuteur pour les Français de l’étranger en la personne de Jean-Baptiste Lemoyne. Son portefeuille est plus vaste que celui des Français de l’étranger et c’est tant mieux. Ce sera autant de manettes en plus qu’il pourra actionner pour mettre en œuvre notre programme.

Les coupes budgétaires

Il est toujours stupéfiant de voir que, notamment à droite, on est en faveur du sérieux budgétaire, jusqu’au moment où les premières décisions arrivent. Je soutiens totalement la volonté du gouvernement d’avoir un budget en équilibre et une dette contenue. Cela n’était pas vrai que pendant la campagne, cela l’est aussi quand il s’agit de mettre en œuvre ces principes. Les Français de l’étranger savent mieux qui quiconque que la France vit au-dessus de ses moyens. On peut soit faire l’autruche et céder aux pressions diverses et variées, soit s’attaquer aux problèmes réellement. Nous avons choisi de réformer la France pour qu’elle puisse continuer sur le long terme à rayonner et à apporter des services publics de qualité aux Français. Je n’ai vu dans aucune des tribunes reprochant à M. Darmanin les coupes budgétaires effectuées des propositions de coupes de remplacement.

« Devrait-on couper plus encore dans la défense, dans les aides sociales, dans la santé ? »

L’hypocrisie sur ce sujet doit cesser et, par chance, nous avons un président qui souhaite enfin y mettre un terme.

Mais ces coupes ne sont pas l’alpha et l’oméga de la politique du gouvernement. Premièrement, on ne parle ici que du budget de 2017. Cela ne préjuge en rien du budget à venir pour l’année suivante et M. Le Drian s’est engagé aujourd’hui à ce que l’aide à l’AEFE soit maintenue au niveau où elle est. Je sais que les députés LREM élus par les Français de l’étranger auront à cœur de défendre un budget efficace pour nos compatriotes expatriés. Deuxièmement, nous avons pour objectif de rationaliser l’action de l’Etat à l’étranger, d’éviter les doublons, de rendre plus efficace l’administration, avec des moyens innovants pour permettre de rapprocher la France des personnes expatriés. Ils seront plus reconnus et plus actifs auprès de leur pays. Notre volonté de réforme, qui ne doit pas être synonyme de retour en arrière comme le caricature souvent la gauche ou de coupes budgétaires sèches comme le simplifie la droite, doit permettre de faire mieux avec les moyens de l’Etat.

« C’est cela un pays qui se transforme. »

La tête de liste aux élections sénatoriales

Mais LREM est allé plus loin dans le respect de ses engagements en investissant comme tête de liste pour les élections sénatoriales, une personne issue de la société civile, Philippe Grangeon. Alors que le parti aurait pu se reposer sur le choix confortable de Marc Villard, le président de l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE) qui sera finalement troisième, il a décidé une fois de plus d’être disruptif et de donner la direction de cette liste à un entrepreneur français, couronné de succès à l’international et ayant vécu à l’étranger. C’est un choix extrêmement audacieux, car il s’agit, lors de ces élections, de convaincre des grands électeurs, tous issus des partis traditionnels.

Mais là encore, certains élus des anciens partis, pas tous évidemment, protestent et voient d’un mauvais œil l’arrivée de personnes non-élues consulaires dans leur pré-carré. Pourtant qui mieux que Philippe Grangeon connaît les questions d’attractivité économique de la France, de commerce extérieur, de difficultés administratives à l’international ? Pour certains, cela ne suffit pas. Même si M. Grangeon est secondé par une élue consulaire de sensibilité LR, puis par l’actuel président de l’AFE.

Pour eux, la politique est une chose trop grave pour être confiée à des citoyens.

Les Français de l’étranger ont rejeté massivement les partis traditionnels lors des élections législatives de juin. Il appartient donc à leurs partisans de faire un travail d’introspection et, au moins pour un temps, de laisser tomber les réflexes pavloviens d’opposition systématique au risque de continuer à se décrédibiliser aux yeux des Français.

Loin de la démagogie et des programmes qui changent au lendemain de l’élection, nous mettrons en œuvre nos engagements de campagne. Ceux que vous avez vu au-dessus mais aussi ceux à venir, au premier rang desquels l’éducation. Nous ouvrirons de nouvelles possibilités de financement aux établissements. Nous redéfinirons les critères d’accès aux bourses scolaires afin que davantage de familles à revenus modestes et moyens puissent être éligibles. Nous développerons et accompagnerons les établissements labellisés FrancEducation et les associations FLAM. Nous développerons et encouragerons l’autonomie de chaque établissement du réseau AEFE pour favoriser l’adaptation aux situations locales.

Bref, une majorité en marche.